dimanche 11 novembre 2012

Self garage: quand le client devient mécanicien


À Bordeaux, les adhérents du Garage Moderne sont assistés de mécaniciens pour réparer leurs véhicules. Crédits photo: Le Garage Moderne - Bordeaux
À Bordeaux, les adhérents du Garage Moderne sont assistés de mécaniciens pour réparer leurs véhicules. Crédits photo: Le Garage Moderne - Bordeaux

Avec ou sans l'aide d'un mécanicien, une soixantaine de garages en France proposent à leurs clients de réparer ou d'entretenir eux-mêmes leur véhicule afin de faire des économies.

Contrairement aux garages et centres auto classiques, dans les self garages, «le mécanicien, c'est vous!», explique Franck Bruyère, gérant de Garage Libre, situé à Pézenas, dans l'Hérault (34). Cet ancien concessionnaire Citroën a vendu son agence il y a deux ans pour se lancer dans le self garage en avril 2011. Le concept est simple: les clients viennent avec leurs pièces et réparent eux-mêmes leur véhicule en faisant des économies de main-d'œuvre et de matériels.
«Étant donné l'augmentation du prix de l'essence et de la main-d'œuvre, les clients achètent de plus en plus leurs pièces détachées sur Internet pour faire des économies, constate le garagiste. Mais j'ai réalisé qu'ils n'avaient pas d'endroit spécifique pour faire leur réparation. J'ai donc décidé d'ouvrir ce garage avec ma femme pour leur louer le matériel et pratiquer des prix attractifs.» Par exemple, une vidange comprenant huile, liquide de refroidissement, filtre et location du pont, ne coûte que 33 euros, contre 90 euros en moyenne dans un centre auto et 180 euros chez un concessionnaire.

Une main-d'œuvre qualifiée moins chère

De la vidange au changement de plaquettes de frein, en passant par le renouvellement des pneus, le client peut effectuer toutes les opérations courantes, louer des ponts et du matériel et acheter, si besoin, des produits nécessaires à l'entretien (huile, filtre, etc.). Un mécanicien peut également conseiller le client et si l'intervention s'avère trop compliquée, il prend le relais. Là encore, le prix de la main-d'œuvre est moindre: comptez entre 30 et 35 euros par heure, un tarif trois fois moins cher qu'en concession où il s'élève à 90 euros de l'heure en moyenne.
Ouvrier mécanicien dans le second garage ouvert par Franck Bruyère en avril dernier, Pierre Diebolt vérifie toujours les opérations de ses clients. «Au lieu de le faire chez eux ou sur un bout de trottoir, on leur loue du matériel dans des conditions sécurisées et ils bénéficient de l'expertise d'une personne qualifiée», explique-t-il tout en remontant des pneus sur une voiture.

Une dimension pédagogique

À Bordeaux, Béatrice Aspart est directrice de Garage Moderne, un atelier associatif ouvert il y a treize ans. Elle n'aime pas trop le terme de «self garage» car «on ne se contente pas de louer un lieu, il y a vraiment une dimension pédagogique et participative chez nous. Des mécaniciens assistent les adhérents de l'association quel que soit leur niveau de connaissances et leur apprennent à réparer leur véhicule», insiste la gérante. «Mais de plus en plus de gens se rendent chez nous pour faire des économies, reconnaît Béatrice Aspart. Surtout depuis l'année dernière, on sent vraiment qu'ils cherchent à dépenser moins.»
Le concept n'est pas nouveau, mais «depuis la crise, ce type de garage s'est redéveloppé», analyse Nicolas Chevallier, éditeur d'un site qui référence une soixantaine de self garages en France. Les clients se sont fait arnaquer par des concessionnaires ou n'ont plus les moyens de se payer des réparations. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à fréquenter ces garages. Même engouement chez les mécaniciens. «Ils ont perdu leur emploi et sont nombreux à me solliciter, attirés par l'auto-entrepreneuriat», raconte le gérant du site qui compte quelque 10.000 visiteurs mensuels.

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